Définition d’un trouble du sommeil et de l’éveil
Proposition d’une définition générale
La classification internationale des troubles du sommeil et de l’éveil en Anglais, International Classification of Sleep Disorders, dans sa 3e édition, (ICSD-3) ne donne pas de définition générale. Cependant, la définition suivante peut être proposée :
Un trouble du sommeil est un syndrome caractérisé par une perturbation cliniquement significative du sommeil, de la veille ou du cycle veille-sommeil,
- en raison d’un dysfonctionnement des changements coordonnés dans l’organisation fonctionnelle dynamique veille-sommeil du cerveau ou d’un autre processus physiologique pendant le sommeil, qui optimise la physiologie, le développement, le comportement et la santé de l’organisme,
- et associé à une détresse importante (par ex : plaintes de sommeil, symptômes d’insomnie ou d’hypersomnolence, ou comportements pendant le sommeil) et / ou un handicap important (par ex : altération importante des activités sociales, professionnelles ou des autres domaines importants du fonctionnement) ou à un risque significativement accru de détresse ou de handicap,
- ne s’expliquant pas entièrement par des circonstances environnementales inadéquates pour le sommeil.
Critères pour définir un trouble du sommeil et de l’éveil
L’ICSD-3 reste hétérogène dans la structure générale des critères diagnostiques en fonction des différents troubles présentés, mais il peut être proposé une liste de critères suivants :
Un trouble du sommeil et de l’éveil associe :
- Des critères sémiologiques spécifiques d’une perturbation cliniquement significative du sommeil, de la veille ou du cycle veille-sommeil autour de trois syndromes à spécifier :
— Plaintes d’hypersomnolence,
— Plaintes d’insomnie,
— Comportements pendant le sommeil. - Des critères sémiologiques associés à un dysfonctionnement des grandes fonctions physiologiques pendant le sommeil :
— Pneumologique,
— ORL,
— Cardio-métabolique,

— Neurologique,
— Psychiatrique.
- Des critères de détresse psychologique (souffrance) ou de répercussion sur les activités quotidiennes (handicap),
- Parfois des critères d’évolution temporelle,
- Le plus souvent des indices physiologiques spécifiques issus d’un examen paraclinique spécifique à l’exploration du sommeil et de l’éveil (polysomnographie, polygraphie ventilatoire nocturne, TILE, actimétrie, hypocrétine).
Les différents troubles du sommeil et de l’éveil
Les principales catégories sont :
- Les troubles insomnies caractérisées par des perturbations de la balance entre
système de régulation de l’éveil et du sommeil. Il s’agit des :
— Trouble insomnie aiguë (< 3 mois),
— Trouble insomnie chronique (> 3 mois). - Les troubles respiratoires du sommeil caractérisés par des perturbations de la respiration et/ou ventilation pendant le sommeil. Il s’agit du :
— Syndrome d’apnées et hypopnées obstructives du sommeil (rétrécissement
ou fermeture des voies aériennes supérieures pendant le sommeil tandis que
l’effort respiratoire persiste),
— Syndrome d’apnées et hypopnées centrales du sommeil (réduction ou cessation du flux aérien par diminution ou arrêt de l’effort respiratoire),
— Syndrome d’hypoventilation pendant le sommeil, avec notamment le syndrome d’obésité hypoventilation (baisse de la ventilation alvéolaire avec augmentation
anormale de la PaCO2 pendant le sommeil). - Les troubles hypersomnolence d’origine centrale caractérisés par des perturbations du fonctionnement des systèmes de l’éveil. Il s’agit des :
— Narcolepsies de type 1 (avec déficit en hypocrétine) et 2 (sans déficit en hypocrétine),
— Hypersomnie idiopathique (HI),
— Syndrome de Kleine-Levin (SKL – épisodes d’hypersomnolence récurents-rémittents).
— Hypersomnie associée à une autre pathologie (non liée à un trouble du sommeil ou de l’éveil). - Les troubles du rythme circadien veille-sommeil caractérisés par des perturbations du rythme circadien au regard du rythme nycthéméral. Il s’agit du :
— Syndrome de retard de phase (SRP),
— Syndrome d’avance de phase (SAP),
— Syndrome de rythme veille-sommeil irrégulier (SRVSI),
— Syndrome de rythme libre cours,
— Syndrome de désadaptation au travail en horaires décalés ou de nuit (S désa),
— Syndrome du décalage horaire (S décal).

- Les troubles parasomnies caractérisées par une perturbation du fonctionnement des systèmes de sommeil. Il s’agit des :
— Troubles parasomnies en sommeil lent avec :
> les éveils confusionnels,
> les terreurs nocturnes,
> le somnambulisme.
— Troubles parasomnies en sommeil paradoxal avec :
> les troubles du comportement en sommeil paradoxal,
> les troubles des cauchemars. - Les troubles moteurs liés au sommeil caractérisés par une perturbation des
processus de régulation motrice pendant le sommeil. Il s’agit du :
— Syndrome des jambes sans repos (SJSR),
— Syndrome des mouvements périodiques de jambes pendant le sommeil (MPJS),
— Trouble bruxisme lié au somme

Enjeux des nosographies modernes en médecine du sommeil
- Mieux caractériser les différentes dimensions des syndromes spécifiques du
sommeil et de l’éveil : plaintes d’hypersomnolence, plaintes d’insomnie et comportements pendant le sommeil, au regard de leur :
— Physiopathologie sous-jacente,
— Des répercussions sur les activités quotidiennes. - Mieux catégoriser les troubles et les formes cliniques en entités pertinentes au regard de leur :
— Présentation clinique et paraclinique,
— Pronostic (cours évolutif), permettant de savoir « qui traiter ? »,
— Thérapeutique, permettant de savoir « comment ou que traiter ? » (cf. Fiche : Processus de raisonnement clinique en médecine du sommeil),
— Et de leur physiopathologie, permettant d’expliquer les données cliniques,
pronostiques et thérapeutiques (cf. Fiche : Épidémiologie des troubles du sommeil et de l’éveil),
— En lien avec des outils de mesures d’un construit donné :
> fiables (l’outil permet une mesure peu liée au hasard),
> et valides (l’outil mesure effectivement le construit ciblé). - Dans une perspective de classification, l’enjeu de la catégorisation des troubles et des formes cliniques est entre :
— Une approche de regroupement des troubles (« lumping »), inclusive assez
large des nombreux sous types, dans l’idée que les différences ne sont pas aussi fortes que les similitudes (par exemple la catégorie trouble insomnie chronique),
— Une approche de scission des troubles (« splitting »), plus précise des catégories, dans l’idée qu’il est important de créer des nouvelles catégories pour classer chaque sous-type de manière spécifique (par exemple la catégorie narcolepsie du type 1 versus type 2).