Mode d’action
- La lumière agit sur les cellules ganglionnaires à mélanopsine de la rétine et active la voie non visuelle du tractus rétino-hypothalamique, projetant en particulier sur les noyaux suprachiasmatiques (NSC) (cf. Fiche : Système Flip-Flop).
- La lumière présente une action « chronobiotique », permettant de synchroniser, avancer ou retarder le rythme circadien (horloge biologique endogène) au rythme nycthéméral (rythme veille-sommeil requis par l’environnement).
- L’effet chronobiotique de la lumière présente trois spécificités importantes :
- L’effet dépend de l’intensité lumineuse : maximal à 10 000 lux.
- L’effet dépend du spectre lumineux : maximal à 480 nm (lumière dans le spectre bleu, correspondant au pic de sensibilité de la mélanopsine).
- L’effet dépend du moment de l’exposition par rapport à la phase circadienne ; on parle de courbe de réponse de phase de la lumière.
Indications
- Troubles du rythme circadien veille-sommeil (cf. Fiche : Troubles du rythme circadien).
- Troubles de l’humeur : en particulier si trouble dépressif avec caractéristiques saisonnières.
Contre-indications
Rétinopathies sans avis ophtalmologique.
Bilan pré-thérapeutique
Évaluer la phase circadienne par :
- Évaluation du chronotype (cf. Fiche : Échelle vespéralité et de matinalité de Horne et Horsberg).
- Agenda du sommeil ou actimétrie (cf. Fiches : Agenda du sommeil & Actimétrie).
La mesure du DLMO et du minimum thermique peut être utile en cas de situation clinique complexe, mais reste difficile à réaliser.
Règles de prescription
- Lampe de luminothérapie composée d’un filtre ultraviolet (UV), qui produit une lumière polychromatique blanche, émettant entre 5 000 et 10000 lux à une distance d’environ 30 cm déterminée par le constructeur.
- Norme CE médical (93/42/CEE).
- 30 minutes à 10 000 lux (ou 1 heure à 5 000 lux).
- Exposition régulière et quotidienne nécessaire, minimum 3 semaines.
- Non remboursée.
- Le moment de l’exposition est à déterminer scrupuleusement en fonction de la phase circadienne supposée du patient, en tenant compte de la courbe de réponse de phase de la lumière :
- Dans le cadre du syndrome de retard de phase (et du syndrome de décalage horaire vers l’est) : heure d’exposition le matin pour avancer la phase circadienne de sommeil (avance de la sécrétion de mélatonine).
- Dans le cadre du syndrome d’avance de phase (et du syndrome de décalage horaire vers l’ouest) : heure d’exposition le soir pour retarder la phase circadienne de sommeil (retard de la sécrétion de mélatonine).
- À associer à des lunettes avec verres jaunes filtrant la lumière bleue : réduire l’effet chronobiotioque de la lumière par des filtres de la lumière bleue autour de 480 nm (verre « jaune »), permet d’avoir l’effet opposé à celle de l’exposition à la lumière.
- Le soir pour avancer la phase circadienne de sommeil.
- Le matin pour retarder la phase circadienne de sommeil.
- La lumière supprime la sécrétion de la mélatonine. Le moment de l’exposition est donc aux horaires opposés à celle de la prise de mélatonine si ces traitements sont associés (cf. Fiche : Mélatonine).
Surveillance des effets indésirables
- EI fréquents : céphalées, fatigue oculaire, nausées.
- Risque de virage de l’humeur (épisode maniaque) en particulier en cas de trouble bipolaire connu. L’effet de la luminothérapie est comparable aux effets d’un antidépresseur.
- Évaluer l’effet chronobiotique lors de l’utilisation pour induire une avance de phase :
si l’exposition est trop tôt le matin (par rapport à la phase circadienne): un effet d’aggravation de la plainte d’insomnie peut survenir par effet retard de phase.
Suivi d’efficacité
- Efficacité clinique : amélioration des périodes de sommeil décalées (cf. Fiche : Agenda du sommeil).
- Efficacité paraclinique : si nécessaire, actimétrie (cf. Fiche : Actimétrie).