Définition
Troubles caractérisés par un défaut d’alignement entre le rythme circadien (horloge biologique endogène) du patient et le rythme nycthéméral (rythme veille-sommeil requis par l’environnement ou souhaité) ou une altération du système circadien endogène.
Sémiologie
- Plaintes somnologiques = Plaintes d’insomnie à type de difficulté d’endormissement, de maintien de sommeil ou de réveil précoce et/ou plainte d’hypersomnolence.
- Sémiologie associée
- Période de sommeil décalée (retard ou avance), irrégulière ou perturbée,
- Réduction du temps de sommeil, voire insuffisance de sommeil chronique consécutive,
- Répercussions sur le fonctionnement d’éveil.
- La sévérité est liée à l’intensité du décalage entre rythme circadien et rythme nycthéméral, de l’insuffisance de sommeil chronique et des répercussions diurnes.

Contextes
- Syndrome de retard de phase : adolescent ou jeune adulte.
- Syndrome de retard et d’avance de phase : chronotype du soir ou du matin: cf. Fiche : Échelle vespéralité et de matinalité de Horne et Horsberg.
- Syndrome de rythme veille-sommeil irrégulier : maladie neurodégénérative et
- troubles neurodéveloppementaux.
- Syndrome de rythme en libre cours : cécités et maladies rétiniennes perturbant la synchronisation de l’horloge biologique.
- Syndrome de désadaptations au travail en horaires décalées ou de nuit : cf. Fiche : Travail de nuit ou posté.
- Syndrome du décalage horaire : voyage transméridien à travers au moins deux fuseaux horaires.
Diagnostic
- Le diagnostic est clinique et nécessite un agenda du sommeil (cf. Fiche : Agenda du sommeil) idéalement sur une période avec horaires non contraints par l’environnement, et si possible une actimétrie (cf. Fiche : Actimétrie).
- Les différentes formes cliniques des troubles du rythme circadien veille sommeil sont :
- Syndrome de retard de phase : il existe un retard de la phase de sommeil par rapport aux horaires requis ou souhaités, entraînant une plainte d’insomnie d’endormissement associé à une plainte d’hypersomnolence au réveil le matin. Lorsque les patients sont en horaires non contraints, la plainte d’insomnie et d’hypersomnolence s’améliore. Chronotype du soir souvent associé.
- Syndrome d’avance de phase : il existe une avance de la phase de sommeil par rapport aux horaires requis ou souhaités, entraînant une plainte d’hypersomnolence vespérale et/ou une plainte de réveil précoce. Lorsque les patients sont en horaires non contraints, la plainte d’insomnie et d’hypersomnolence s’améliore. Chronotype du matin souvent associé.
- Syndrome de rythme veille-sommeil irrégulier : multiples épisodes de sommeil (au moins 3) irréguliers et repartis sur les 24 h, en lien avec une absence de rythme circadien bien défini. Il existe une plainte d’insomnie pendant la période de sommeil prévue et d’hypersomnolence pendant la journée, qui persiste en horaires non contraints.

- Syndrome de rythme en libre cours : décalage progressif et quotidien de la période du sommeil entraînant une plainte d’insomnie et d’hypersomnolence en fonction du degré de décalage du rythme circadien endogène avec le rythme nycthéméral requis par l’environnement. Le décalage se voit particulièrement en horaires non contraints.
- Syndrome de désadaptations au travail en horaires décalés ou de nuit : difficulté à adapter son sommeil au travail posté, entraînant une plainte d’insomnie et d’hypersomnolence, une réduction du temps de sommeil, voire une insuffisance de sommeil chronique. Lorsque les patients sont en horaires non contraints, la plainte d’insomnie et d’hypersomnolence s’améliore généralement.
- Syndrome du décalage horaire (« jet-lag ») : symptômes neurovégétatifs divers en lien avec le changement de phase rapide, entraînant un décalage aigu entre le rythme circadien (resté sur l’horaire du pays de départ) et le rythme nycthéméral (imposé par le changement de fuseau horaire du pays d’arrivé) :
- Vers l’est : symptômes de retard de phase (symptomatologie plus sévère que vers l’ouest),
- Vers l’ouest : symptômes d’avance de phase.
- Le DLMO et le minimum thermique ne sont pas classiquement mesurés bien que potentiellement souhaitables (ces examens ne sont pas remboursés).

Comorbidités
- Sommeil : trouble insomnie chronique, insuffisance chronique de sommeil.
- Psychiatriques : trouble de l’humeur, TDAH.
Prise en charge
- Règles hygiène de sommeil en renforçant les synchronisateurs sociaux.
- Règles d’exposition à la lumière (cf. Fiche : Luminothérapie)
- — Luminothérapie,
- — Lunettes avec verres jaunes filtrent de lumière dans la bande spectrale « bleu ».
- Mélatonine (cf. Fiche : Mélatonine).
- Le moment de l’application des règles d’exposition à la lumière et de prise de mélatonine est à déterminer scrupuleusement en fonction de la phase circadienne supposée du patient, en tenant compte de la courbe de réponse de phase de ces traitements.
Critères ICSD-3
Critères diagnostiques :
Les conditions A à C doivent être remplies.
A. Une perturbation chronique ou récurrente du rythme veille-sommeil qui est principalement due à une altération du système circadien endogène ou à un décalage entre le rythme circadien endogéne et le rythme veille-somme souhaité ou requis par l’environnement physique d’un individu ou par ses horaires de vie sociale ou de travail
B. La perturbation du rythme circadien entraine une insomnie, une somnolence diurne excessive, ou les deux.
C. Les perturbations du sommeil et de la veille causent une souffrance cliniquement significative et ont une répercussion nette dans les domaines mentaux, physiques, sociaux, professionnels, cognitifs, ou d’autres domaines de fonctionnement majeurs.
Syndrome de retard de phase
Autres appellations :
Retard de phase, syndrome de retard de phase du sommeil.
Appellation internationale :
Delayed sleep-wake phase disorder
Critères diagnostiques :
Les conditions A à E doivent être remplies.
A. On observe un retard significatif de la phase de l’épisode majeur de sommeil par rapport au temps de sommeil et au réveil désiré ou nécessaire, comme en témoignent les plaintes chroniques ou récurrentes du patient ou de l’entourage, témoignant de l’incapacité à s’endormir et de la difficulté à se réveiller à un horaire souhaité ou requis.
B. Les symptômes sont présents depuis au moins 3 mois.
C. Lorsque les patients sont autorisés à choisir leurs horaires librement, ils présentent une meilleure qualité de sommeil et la durée de sommeil de leur âge et ils maintiennent un retard de phase du cycle veille-sommeil sur 24 heures.
D. Un agenda du sommeil et, si possible, une actigraphie d’au moins 7 jours (idéalement 14 jours) démontrent un retard dans l’horaire de la période habituelle de sommeil. Ces évaluations doivent comprendre à la fois des jours de travail ou d’école et des jours de repos.
E. La perturbation du sommeil n’est pas mieux expliquée par un autre trouble du sommeil, qu’il s’agisse d’un trouble médical ou neurologique, d’un trouble mental, ou d’une consommation de médicaments, voire de substances illicites.
Syndrome d’avance de phase
Autres appellations :
Avance de phase, avance de phase du sommeil, phase de sommeil de type avancé.
Appellation internationale :
Advanced sleep-wake phase disorder
Critères diagnostiques :
Les conditions A à E doivent être remplies.
A. Il s’agit d’une avance (une précocité) dans la phase de l’épisode majeur de sommeil par rapport à l’heure de sommeil et de réveil désiré ou nécessaire, appuyée par la plainte chronique ou récurrente de difficultés à rester éveillé jusqu’à l’heure souhaitée ou normal d’endormissement, et d’une incapacité à rester endormi jusqu’à l’heure nécessaire ou souhaité du réveil.
B. Les symptômes sont présents depuis au moins 3 mois.
C. Lorsque les patients sont autorisés à dormir en conformité avec leur horloge biologique interne, la qualité de sommeil et sa durée sont améliorées avec une synchronisation cohérente, mais avancée, de l’épisode majeur de sommeil.
D. L’agenda du sommeil et chaque fois que possible, l’enregistrement par actigraphie d’au moins 7 jours (idéalement 14 jours) montrent une avance stable dans le temps de la période habituelle de sommeil. Tant les jours travaillés ou d’école que les jours non travaillés doivent être inclus dans ce monitoring.
E. La perturbation du sommeil n’est pas mieux expliquée par un autre trouble du sommeil, trouble médical ou neurologique, trouble mental, ou utilisation de médicaments ou de substances.
Rythme veille-sommeil irrégulier
Autres appellations :
Cycle veille-sommeil irrégulier, Syndrome de rythme veille-sommeil irrégulier
Appelation internationale :
Irregular sleep-wake rhythm disorder
Critères diagnostiques :
Les conditions A et D doivent être rempli.
A. Le patient ou son entourage fait état d’une tendance chronique ou récurrente a présenté des épisodes de sommeil et de veille irrégulier tout au long de la période de 24 heures, caractérisé par des symptômes d’insomnie pendant la période de sommeil prévu (généralement la nuit), par une somnolence excessive (avec des siestes) pendant la journée, ou des deux.
B. Les symptômes sont présents depuis au moins trois mois.
C. Un agenda de sommeil et chaque fois que possible, un enregistrement par actigraphie pendant au moins 7 jours (de préférence 14 jours), ne démontrent pas un seul épisode majeur de sommeil, mais de multiples bouts de sommeil (au moins trois) irréguliers répartis sur les 24 heures.
D. La perturbation du sommeil n’est pas mieux expliquée par une autre pathologie du sommeil, pathologie médicale ou neurologique, trouble mental, utilisation de médicaments, de substances.
Rythme différent de 24h
Autres appellations :
Rythme hypernyctéméral, rythme en libre cours, rythme non entraîné
Appelation internationale :
Non-24-hour-sleep-wake rhythm disorder
Critères diagnostiques :
Les conditions A et D doivent être rempli.
A. On observe une histoire d’insomnie, de somnolence diurne excessive, ou des deux, en alternance avec des périodes sans symptômes, en raison d’un décalage entre le cycle lumière obscurité de 24 heures et un rythme circadien endogène de la propension en veille-sommeil non entraîné.
B. Les symptômes persistent pendant au moins trois mois.
C. Les agendas de sommeil et l’actigraphie au moins 14 jours, de préférence plus longue pour les personnes non-voyantes, montrent un profil d’heures d’endormissement et de réveil généralement retardé chaque jour, avec une période circadienne d’habituellement plus de 24 heures.
D. La perturbation du sommeil n’est pas mieux expliquée par un autre pathologie du sommeil, pathologie médicale ou neurologique, trouble mental, par l’utilisation des médicaments ou de substances.
Désadaptation au travail en horaire décalés ou de nuit
Autres appellations :
Trouble du sommeil du travailleur posté ou de nuit
Appelation internationale :
Shift work disorder
Critères diagnostiques :
Les conditions A et D doivent être rempli.
A. Une insomnie ou une somnolence excessive sont apportées, accompagnées d’une réduction du temps de sommeil total, en association à un horaire de travail récurrent qui empiète sur l’heure habituelle de sommeil.
B. Les symptômes sont présents, et associés à des horaires de travail posté ou de nuit, depuis au moins trois mois.
C. L’agenda du sommeil et le suivi de l’actigraphie (chaque fois que possible et de préférence avec mesure de l’exposition simultanée à la lumière) pendant au moins 14 jours (jours travaillés et jour de repos inclus) révèlent un profil de sommeil et de veille perturbé.
D. La perturbation du sommeil et de la veille n’est pas mieux expliquée par une autre pathologie du sommeil, pathologie médicale, neurologique, trouble mental, consommation de médicaments, mauvaise hygiène du sommeil, ou recours à des substances.
Trouble lié au décalage horaire
Autres appellations :
Syndrome du décalage horaire, décalage horaire, syndrome de changement de fuseau horaire.
Appelation internationale :
Jet-lag disorder
Critères diagnostiques :
Les conditions A et C doivent être rempli.
A. Il y a une plainte d’insomnie ou de somnolence diurne excessive, accompagnée d’une réduction du temps de sommeil, en lien avec un vol transméridien à travers au moins deux fuseaux horaires.
B. Cette plainte est associée à une altération du fonctionnement en journée, un malaise général, ou à des symptômes somatiques (par exemple, des troubles gastro-intestinaux) durant un ou deux jours après le voyage.
C. La perturbation du sommeil n’est pas mieux expliquée par une autre pathologie du sommeil, pathologie médicale ou neurologique, trouble mental, le recours à des médicaments ou à des substances.