Définition
Trouble persistant portant sur l’initiation, la durée, le maintien ou la qualité du sommeil qui se manifeste en dépit de circonstances et d’occasions satisfaisantes pour le sommeil et qui retentit sur le fonctionnement de la personne au cours de la journée.
Sémiologie
- Plaintes somnologiques = plaintes d’insomnie à type de difficulté d’endormissement, de maintien de sommeil ou de réveil précoce.
- Sémiologie associée
- Modifications des cognitions, émotions et comportements en lien avecl’insomnie
- Cognitions : préoccupation excessive (voire rumination) en lien avec la peur de ne pas dormir ou en lien avec les conséquences estimées de l’insomnie (altération des performances), attention excessive sur la qualité et quantité du sommeil, mauvaise reconnaissance du sommeil, croyances erronées par rapport au sommeil, nombreux efforts déployés pour s’endormir. Cf. Fiche : Échelle des croyances et attitudes dysfonctionnelles à propos du Sommeil.
- Émotions : anxiété anticipatoire du coucher, anxiété en lien avec les préoccupations excessives, hyperéveil anxieux dans le lit.
- Comportements : allongement du temps passé au lit, éveil conditionné par le stimulus lit puis évitement de l’endormissement au lit (télévision au lit, consommation de psychotropes, endormissement sur le canapé) (facteurs perpétuant).
- Répercussions diurnes de l’insomnie
- Modifications des cognitions, émotions et comportements en lien avecl’insomnie
- La sévérité est reliée à l’intensité et la fréquence des plaintes d’insomnie et des répercussions diurnes (cf. Fiche : Échelle sévérité de l’insomnie).

Contextes
- Anxiété trait, antécédent de trouble insomnie (facteurs prédisposants),
- Facteurs de stress biologiques, psychologiques ou sociaux (facteurs précipitants).
Diagnostic
- Le diagnostic de trouble insomnie chronique est clinique et ne nécessite généralement pas d’examen paraclinique. Les plaintes doivent durer plus de 3 mois, malgré des opportunités suffisantes pour dormir.
- Il s’agit d’évaluer le sommeil par un agenda du sommeil sur 3 semaines minimum. Cf. Fiche : Agenda du sommeil. En cas de mauvaise perception du sommeil, une actimétrie peut être envisagée. Cf. Fiche : Actimétrie.
- La distinction entre trouble insomnie primaire et secondaire n’est plus réalisée, au profit de la distinction entre trouble insomnie avec ou sans comorbidité.
Comorbidités
- Sommeil : SAHOS, SJSR, MPJS, Troubles du rythme circadien, Narcolepsie.
- Toutes les pathologies psychiatriques : trouble dépressif caractérisé (plutôt plainte d’insomnie avec réveil précoce), troubles anxieux (plutôt plainte d’insomnie d’endormissement), troubles addictifs (notamment aux hypnotiques) (cf. Fiches : Échelle d’anxiété et de dépression & Échelle de dépendance aux benzodiazépines).
- Toute maladie chronique entraînant soit un trouble douloureux chronique, soit une situation de stress chronique.

Prise en charge
- Règles hygiéno-diététiques (cf. Fiche : Hygiène de sommeil)
- TTC de l’insomnie – TCCi (cf. Fiche : TTC de l’insomnie)
- Règles comportementales de l’insomnie (contrôle du stimulus et restriction du temps passé au lit),
- Restructuration cognitive,
- Relaxation (baisse du niveau d’anxiété et d’hyperéveil).
- Psychotropes : uniquement en cas de trouble insomnie aiguë consécutif à un facteur de stress (cf. Fiche : Hypnotique). La TCCi est le traitement de première intention dans le cadre du trouble insomnie chronique. En cas de traitement par hypnotiques dans le cadre d’un trouble insomnie chronique : envisager le sevrage très progressif couplé aux mesures de TCCi (cf. Fiche : TCC de l’insomnie).
Critère ICSD-3
Autres appellations :
Insomnie chronique, insomnie primaire, insomnie secondaire, insomnie comorbide, insomnie d’endormissement ou de maintien du sommeil, insomnie comportementale l’enfant, conditionnement anormal à l’endormissement, insomnie liée à l’absence de limites.
Appellation internationale :
Chronic insomnia disorder.
Critères diagnostiques :
Les critères A à F doivent être remplis.
A. Le patient se plaint, ou l’entourage observe au moins un des éléments suivants :
- Difficulté à s’endormir.
- Difficulté de maintien du sommeil.
- Réveil plus précoce que l’horaire désiré.
- Refus d’aller se coucher à un horaire approprié.
- Difficulté à dormir sans l’intervention d’un des parents.
B. Le patient se plaint (ou le parent ou l’entourage de l’enfant observe) d’au moins un des éléments suivants au cours de la journée, liés aux difficultés de sommeil nocturnes :
- Fatigue ou mal-être.
- Troubles de l’attention, de la concentration ou de la mémoire.
- Altération de la vie sociale, familiale, professionnelle ou fléchisse- ment des résultats scolaires.
- Trouble de l’humeur ou irritabilité.
- Somnolence diurne.
- Problèmes comportementaux (par exemple, hyperactivité, impulsivité, agressivité).
- Diminution de la motivation, de l’énergie, des initiatives.
- Facilité à faire des erreurs ou à avoir des accidents.
- Préoccupations ou insatisfaction par rapport au sommeil.
C. Les plaintes concernant le sommeil et la veille ne peuvent pas être expliquées exclusivement par le manque d’occasion de dormir (c’est-à-dire qu’assez de temps est réservé pour dormir) ou par un contexte inadapté au sommeil (c’est-à-dire que l’environnement est sûr, sombre, calme et confortable).
D. Les troubles du sommeil et les symptômes diurnes associés surviennent au moins trois fois par semaine.
E. Les troubles du sommeil et les symptômes diurnes associés sont présents depuis plus de trois mois.
F. Les difficultés de sommeil et de veille ne sont pas mieux expliquées par une pathologie du sommeil autre que I’ insomnie.